Sélection et dégénérescence de la race arabe

 SOMMAIRE

INTRODUCTION : généralités sur le pur-sang Arabe.

I Le pur-sang arabe : race internationale

1.1. Historique

1.2. Géographie

II L’insémination au service de la sélection

1.1. Les contraintes de sélectivité du berceau de la race

1.2. Aspects génétiques, conséquence sur la population Arabe

2.1.1. l’incidence de l’insémination artificielle sur le progrès génétique

2.1.2. L’incidence de l’insémination artificielle sur la variabilité génétique

2.1.3. Consanguinité

Conclusion générale


INTRODUCTION : généralités sur le pur-sang Arabe.

pur-sang arabe chevalPour la plupart des gens, l’Arabe est le cheval par excellence. Il est effectivement certain que, sans lui, l’élevage du cheval de sang eût été impossible.

Depuis des siècles, plusieurs races de poneys et de chevaux lourds ont été plus ou moins améliorés par des croisements avec l’Arabe. Elles y ont gagné en mobilité, rapidité, endurance, tempérament, élégance et beauté physique. L’Arabe a joué dans l’amélioration du pur-sang anglais un rôle capital et stimulé l’élevage du cheval de selle. Donc essentiel pour l’amélioration de la race chevaline, l’Arabe est sans conteste le plus beau et le plus racé des équidés.

C’est là un heureux hasard, car sur les hauts plateaux de la péninsule Arabique, les Bédouins du Nadj (ou Nedj) qui pratiquèrent pendant des siècles l’élevage de cette race remarquable se préoccupaient avant tout d’accroître la résistance, la puissance, la rapidité, la frugalité et la soumission à la volonté du cavalier. Pour y parvenir, ils procédaient à une sélection impitoyable, à des croisements consanguins et veillaient avec un soin jaloux à la sauvegarde du sang originel.

Pour un éleveur, entreprendre une journée de voyage avec une jument pour trouver le reproducteur adéquat était monnaie courante, et les Bédouins du désert connaissaient par cœur la généalogie de leurs chevaux.

Si l’origine du cheval Arabe reste incertaine, peintre et gravures montrent que les Assyriens, les Perses et principalement les Egyptiens de l’époque pharaonique montaient déjà des chevaux aux jambes longues, élégants et racés, ce qui laisse supposer que ce type d’équidé léger et rapide n’est pas dû à la sélection et à l’intervention de l’homme, mais le résultat d’une adaptation aux conditions de vie extrêmes du milieu désertique originel.

De cette souche primitive procèdent les différentes races et espèces que l’on qualifie globalement d’ » orientales « , dont fait partie le cheval vivant dans les désert de la péninsule arabique.

La légende selon laquelle les Arabes pur-sang auraient eu pour ancêtres les cinq juments préférées du Prophète ne repose sur rien. En revanche, il est certain que, par son extraordinaire prescience et par son expérience de l’élevage qu’il a défini et clairement exposé dans le Coran, Mahomet à joué un rôle capital dans l’évolution et l’amélioration delà race arabe.

L’expansion de l’Islam Autour du bassin méditerranéen a par ailleurs contribué à répandre le cheval Arabe dans l’Afrique du Nord et dans le Sud-Ouest de l’Europe.

Par la suite, ces Arabes d’importation furent recherchés par les marchants, achetés, exportés. Des élevages se créèrent sur tous les continents.

Rien qu’aux Etats-Unis, l’effectif est actuellement de 500 000 chevaux de race Arabe dont les ancêtres étaient d’authentiques animaux du désert .

Cette race se divise en trois types et font l’objet d’élevages distincts. Le premier, le Kehailan, est vigoureux, résistant, dur à la fatigue ; le second, le Seglevi, plus féminin, plus élégant, plus fin ; le troisième, le muniqi, est un animal particulièrement rapide, au corps allongé, d’allure un peu rustique, qu’on élève pour la selle et la course de plat. Ces trois types regroupent un grand nombre d’espèces et de famille et le seul Kehailan n’englobe pas moins de 105 lignées d’élevage.

Aucun cheval n’atteint la beauté, la noblesse, l’harmonie et la finesse d’un Arabe pur-sang, à plus forte raison s’il est type Seglevi ou Kehailan ; aucune race n’allie avec autant de bonheur la vivacité, la docilité, la résistance, le tempérament aimable et l’ardeur.

 

 

I Le pur-sang arabe : race internationale

1.1. Historiquepur sang-arabe cheval

D’où vient-il ?

La question, déjà complexe, est obscurcie par une approche à la fois légendaire et religieuse. Différentes explications existent de la naissance de l’Arabe ; bien évidemment, ces thèses provoquent de vives controverses dans un domaine où les passions sont souvent excessives.

Ce qui est plausible ?

D’abord, une première naissance de l’Arabe en Asie dans un vaste foyer d’où viennent les bédouins (certains d’avant Mahomet), les récits ont souvent pour thème un cheval au poil fin et court, par opposition à des chevaux peut être plus proche du Tarpan.

Ensuite une seconde naissance par sélection à la fois naturelle, soumise aux contraintes du désert, et humaine, découlant du nomadisme, des raids de pillage (rezzou) et de la chasse dans la péninsule arabique. Mais les apports de sang sont nombreux par la Mer Rouge, l’Orient et peut être même l’Europe, avec laquelle les échanges vont aller en croissant à partir du VIIème siècle, quand explose la conquête arabe qui met tous ces espaces en contact, alors même que Mahomet vient de structurer l’élevage de ce cheval en accordant des avantages fiscaux, religieux, en créant la notion toute nouvelle de lignée pure, les  » Assils « , qui ne reproduisent qu’entre eux. L’invasion arabe induit évidemment l’invasion équine, malgré le souci de garder farouchement les sujets purs. Cette invasion a modifié le Barbe en Afrique du Nord et l’Andalou dans la péninsule Ibérique.

Les Arabes ont fait deux choses lors de l’extension de leur domination :

  • Ils ont préservé jalousement la pureté de leurs lignes d’Assils.
  • Ils ont utilisé l’Arabe comme améliorateur des chevaux indigènes d’Afrique du Nord et de la péninsule Ibérique. Ils ont même étendu jusqu’en Inde les métissages avec leurs chevaux.

1.2. Géographie

L’Arabe est-il universel ?

En cette fin de XXème siècle, l’expansion mondiale de l’élevage arabe est prodigieuse et paradoxale : les pays du berceau de la race ne produisent plus que très peu, et les pays de peuplement européen concentrent l’essentiel du cheptel. Ainsi, en 1991, les Etats-Unis ont eu près de 13 000 naissances (contre plus de 40 000 au début des années 80) pour 19 en Jordanie, 28 en Oman, 33 à Bahreïn, 40 en Syrie, 44 au Qatar, 113 en Israël, 116 en Arabie Saoudite et 160 en Egypte. Cependant, l’élevage repart au Moyen Orient actuellement.

La satisfaction qu’on éprouve à voir le cheval Arabe sauvé par l’élevage occidental doit être tempérée par la prise ne compte des avertissements radicaux de Robert Mauvy. Ce grand spécialiste de l’Arabe, ayant vécu en Orient, considérait que  » ces caractères ancestraux (…) forcément s’échappent et disparaissent dans les pays qui ne sont pas le sien  » .

Pour lui, on ne peut faire, en dehors du berceau de race, qu’un  » Arabe Occidental  » qu’il jugeait sévèrement, tout en l’élevant, bien sûr… « pensez-vous que le poulain élevé dans les brumes du Nord, qui a absorbé les sucs des herbes aqueuses et acides, a manqué d’insolation sous ces climats, ait les ait os et la constitution qu’il aurait eu dan son pays !

L’or y est devenu du plomb, quoi qu’on en dise. Il a épaissi, son muscle est mou ; il a bien quelques exubérances mais non la tenue, l’insouciance dans l’effort ; il n’a plus le muscle de bronze, les tendons à toutes épreuves, cette brutalité dans le geste !

Pour lui,  » l’animal, tout comme la plante, n’est que l’expression du sol et du climat qui l’ont fait naître. Dans la nature, il y a des crus pour chaque chose(…) « .

 » L’Arabe n’est pas un article courant que l’on peut élever impunément partout. Il n’est pas international. Il n’a qu’une patrie : l’Arabie et son féroce climat. Il n’a qu’un producteur ; le Bédouin. Il n’a qu’un régime : la flore de la péninsule Arabique, le soleil d’Orient et l’air vif et pur, irrespiré, le vent âpre du désert, la brûlure du jour et le souffle glacé de la nuit, l’exercice forcé dès sa naissance, voilà ce qui fait l’Arabe « .

II L’insémination au service de la sélection

Dès le début de la domestication, l’homme s’est préoccupé de l’amélioration des animaux de compagnie desquels il vivait ou il souhaitait utiliser; il favorisait pour cela la reproduction des sujets répondant le mieux à ses attentes, espérant ainsi, en moyenne, obtenir des produits qui, mieux que leurs parents, correspondaient à ses besoins.

C’est ce que l’on continue de faire en cette fin du 20ème siècle, si ce n’est que les décisions à prendre sont éclairées par tout ce que l’on sait aujourd’hui dans le domaine de la génétique. Toutefois, de nouvelles techniques de reproduction ont progressivement vu le jour au cours des ces dernières décennies, qu’il s’agisse de l’insémination artificielle, du transfert d’embryons, du sexage ou de la fécondation in vitro,…; demain, ce seront le clonage et la transgénèse! ces techniques ne sont pas, bien sûr sans conséquences sur les programmes d’amélioration génétique: intensifiant les processus de la reproduction, elles sont sources de progrès génétiques plus importants mais, contribuant souvent à réduire le nombre de reproducteurs utilisés, elles peuvent avoir des incidences sur la variabilité génétique des populations sélectionnées.

1.1. Les contraintes de sélectivité du berceau de la race

L’Arabe a été sélectionné pendant plus de mille ans par les bédouins de la péninsule Arabique, ces derniers se sont aidés de plusieurs contraintes pour créer une race qui correspondait à leurs attentes :

La première contrainte était bien sûr celle du milieu naturel désertique, et donc  » d’un berceau de race  » (au sens de l’élevage) bien spécifique.

L’Arabe devait ainsi supporter une amplitude thermique terrible (brûlure du soleil le jour, fraîcheur la nuit, parfois jusqu’au gel) et s’accommoder d’une nourriture frugale, bien que ne vivant pas dans un désert absolu (herbe rase, le loul, épanouie après quelques rares averses, quelques hautes graminées, des chardons, des armoises…).

Mais l’homme complétait l’alimentation naturelle trop irrégulière : orge, dattes, lait de chamelle et même des protéines animales (surtout pour les chevaux spécialisés dans la course) comme le poisson séché ou la viande de gazelle. Les chevaux étaient secs et frugaux, mais pas dénutris.

Le nomadise était une autre contrainte sélective les déplacements imposant de rudes efforts aux poulains, aux juments pleines ou suitées d’un point d’eau à l’autre, avec de grandes distances à parcourir d’une ressource alimentaire à une autre. Seuls survivaient les plus forts, même si l’homme pouvait atténuer les effets de cette sélection naturelle ; les chevaux y gagnaient en sécheresse, en vigueur, en cachet, en noblesse.

La sélection humaine était utilitaire : il s’agissait de produire un cheval de guerre et de razzia. Les beautés du modèle des chevaux n’étaient donc pas gratuites, mais correspondaient à l’usage désiré. Notons que les chevaux étaient aussi sélectionnés pour la parade et les jeux : cette autre sélection dirigée n’était cependant pas la principale.

Bonne charpente, équilibre avec un long balancier, sens éveillés (et physionomie expressive, donc), dos court et fort, très porteur, grande capacité respiratoire, tissus trempés et peau fine, excellents aplombs et pieds durs, aptitude aux démarrages foudroyants et donc fort influx nerveux, galop étendu, sont quelques-unes unes des ces qualités répertoriées par Philippe Barbié de Préaudeau (ancien contrôleur des Haras Nationaux français).

Le monde vie, par la proximité q’il établissait avec l’homme, aussi modelé le type arabe, le cheval dépendait largement de l’homme pour sa nourriture, vivait parfois sous la tente, mais toujours en contact de la famille, tout en restant libre.

De là un développement des capacités mentales de l’Arabe, du type par exemple de celui qui permet à nos animaux de compagnie le partage de notre existence. Pour qui connaît l’Arabe, cela en fait un cheval différent des autres, en bien le plus souvent. Mais attention : ce cheval devine mieux l’homme que tout autre ! et ses capacités de compréhension ne pardonnent pas les erreurs.

La structuration de l’élevage, enfin, dans le cadre religieux et culturel, a favorisé la naissance de ce que l’on tient pour la première race constituée.

La sélection sur l’obéissance était aussi encouragée. C’est la légende des cinq juments du prophète, les seules d’un troupeau altéré allant à l’eau, à obéir au rappel des trompettes.

Actuellement, on a fabriqué une idée du type arabe qui porte à la caricature, car partant surtout de critères esthétiques, alors que :

Le chanfrein concave, à quoi se résume souvent l’approche simplifiée de la typicité arabe, n’est que le résultat d’une sélection égyptienne (du XIXème siècle surtout) à partir des chevaux d’une tribu isolée de la péninsule arabique, reconnus comme plutôt dégénérés et peu appréciés par les bédouins…Les textes arabes du Moyen-Age parlent, eux, d’un chanfrein droit !

Toutes nos sources arabes anciennes décrivent, souvent de façon très poétique, bien plus de qualités fonctionnelles et psychiques que des qualités esthétiques…

 » Il était jugé en action, sur sa résistance à la fatigue, à la faim, à la soif, sur sa maniabilité à la guerre, son courage à la chasse, son dévouement et son obéissance à son maître. Ces vraies qualités absentes, et même s’il correspondait point par point  » aux formes les plus estimées des différentes parties de son corps « , il n’avait aucune valeur, parce que totalement inutile « .

Manuel H. Domingues-Heleno

Abd-El-Kader exprimait la même idée :  » C’est par l’épreuve, par la vitesse, unie au fond, que les Arabes jugent des chevaux, qu’ils en reconnaissent la noblesse, la pureté de sang ; mais les formes révèlent aussi leurs qualités « .

1.2. Aspects génétiques, conséquence sur la population Arabe

Les progrès génétiques obtenus sont d’autant plus importants que les techniques modernes de reproduction sont mises en œuvre pour faciliter la réalisation de certaines opérations essentielles dans un programme de sélection: connexions génétiques entre groupes de reproducteurs, accouplements raisonnés, évaluation sur la descendance.

A l’heure actuelle, leur développement reste modeste dans les pays arabes (l’unique centre de congélation se trouve au Maroc) et des règles visant à leur bonne utilisation ont déjà été définies. Il n’y a donc pas de risques de voir ces techniques contribuer à réduire trop fortement la variabilité génétique de la population Arabe, variabilité qu’il importe de maintenir.

Leur développement futur doit se poursuivre de façon maîtrisée, dans le cadre d’une organisation collective et associant à la définition et à la mise en œuvre d’une politique génétique raciale tous les partenaires concernés.

Mais cela est autre problème en ce qui concerne les pays européens et les Etats-Unis.

2.1.1. l’incidence de l’insémination artificielle sur le progrès génétique

L’IA, en multipliant dans des proportions potentiellement importantes le nombre de descendants d’un reproducteur mâle, permet de réduire le nombre d’étalons nécessaires et donc de sélectionner de façon plus intense. Il faut toutefois, pour que ce progrès potentiel soit réel, que les étalons en question soient sélectionnés dans de bonnes conditions, c’est à dire notamment sur des caractères en adéquation avec l’objectif de la sélection et avec des procédures assurant une bonne fiabilité à l’estimation de leur valeur génétique (c’est l’objet, par exemple, des indices BLUP calculés pour les chevaux de sport et les trotteurs).

L’IA permet aussi, en raison de la maîtrise qu’elle autorise en matière d’utilisation des semences d’un étalon donné, de planifier les inséminations dans l’espèce, ce qui permet de réaliser

-les accouplements raisonnés entre les géniteurs d’élite (augmentation de l’efficacité de la sélection sur ascendance),

-des connexions génétiques entre les élevages: ces connexions sont indispensables car elles permettent d’améliorer, dans des proportions notables, la fiabilité des indices calculés sur les reproducteurs mâles et femelles de l’ensemble de la population (meilleure séparation des effets de milieu et des effets génétiques),

-des évaluations très précises des étalons ainsi utilisés, au travers des performances mesurées sur des échantillons importants et bien répartis de descendants.

Toutes opérations qui contribuent à améliorer le coefficient de détermination (CD) concernent l’espèce chevaline, l’IA permet aussi aux reproducteurs de conduire simultanément, et sans trop de difficultés, une carrière à la fois sportive et productrice, ce qui contribue aussi à la réduction de l’intervalle de génération.

Ainsi, l’IA représente un puissant facteur potentiel (ce qui sous-entend qu’il faut pour cela qu’elle soit bien utilisée) d’intensification du progrès génétique.

2.1.2. L’incidence de l’insémination artificielle sur la variabilité génétique

Si les nouvelles techniques de reproduction peuvent avoir un effet positif sur le progrès génétique, leur mise en œuvre suscite toutefois bien souvent des interrogations en ce qui concerne l’évolution de la variabilité génétique. On pourrait en effet penser que cette question est d’autant plus importante à considérer dans l’espèce chevaline que l’on travaille, dans la quasi totalité des races, avec des populations d’effectifs limités (quelques milliers ou dizaines de milliers de reproducteurs). En fait, il ne faut pas exagérer l’importance dans la mesure où, dans cette espèce, les techniques de reproduction en question sont encore peu développées et peu utilisées, et qu’elles font de plus l’objet de réglementations en limitant l’emploi!

Quoiqu’il en soit, il est essentiel de maintenir la variabilité génétique à l’intérieur de chacune de nos races, et cela pour au moins 4 raisons:

  • la première tient au fait que la variabilité génétique est un des facteurs du progrès génétique. Réduire trop fortement la variabilité génétique aurait une incidence néfaste sur le progrès génétique espéré dans les générations futures,
  • la seconde tient au fait que l’existence d’une variabilité génétique suffisante au niveau d’une race est la meilleure garantie de son aptitude à répondre, demain, à un changement dans ses objectifs de sélection, et qui peut affirmer que dans 30 ans, on sélectionnera pour les mêmes objectifs d’aujourd’hui?
  • la troisième tient au fait que le maintien d’une variabilité génétique suffisante constitue une excellente protection contre l’augmentation de la consanguinité, dont on connaît les effets délétères en élevage (apparition de caractères défavorables récessifs, baisse des aptitudes d’élevage,…),
  • la quatrième tient au risque que l’on court, en privilégiant dans une race quelques reproducteurs que l’on utilise largement, de diffuser simultanément un caractère défavorable qui n’y aurait pas été préalablement repéré (gène récessif ou autre caractère).

Sur un plan général, il est certain que des techniques comme l’IA conduisent à réduire très sensiblement le nombre de reproducteurs nécessaires; mais n’est-ce pas là la même démarche que celle que l’on suit dans tout programme de sélection, puisque le principe même de la sélection, et de son efficacité, consiste à faire reproduire préférentiellement, à chaque génération, les sujets présentant la meilleure valeur génétique par rapport à l’objectif de sélection poursuivi dans la population concernée. Dès lors on voit bien que ces nouvelles techniques de reproduction peuvent être des auxiliaires précieux pour intensifier le progrès génétique, mais qu ’elles demandent à être parfaitement maîtrisées pour éviter tout excès qui handicaperait à terme de variabilité génétique de la population. Maîtriser ces techniques, cela signifie les utiliser avec retenue, mais aussi, pour valoriser pleinement cette utilisation, en optimiser l’usage: utilisation pour créer des connexions génétiques entre groupes de reproducteurs (précision des indices), utilisation pour assurer des accouplements raisonnés (gestion de la population en familles et création d’un flux régulier de gène de famille à l’autre),…

Les règles correspondantes doivent naturellement être élaborées d’un commun accord entre spécialistes généticiens et professionnels de l’élevage (c’est ce qui existe déjà aujourd’hui avec la Commission du Livre Généalogique); il s’agit donc de valider ce qui existe déjà en ce domaine ou, au besoin; de le modifier et de le compléter, l’idée dans tous les cas étant de trouver le juste équilibre entre le souci de garantir l’avenir (maintenir la variabilité génétique à un niveau suffisant) et la réalisation à court terme d’un progrès génétique aussi important que possible.

2.1.3. Consanguinité

Certains éleveurs avancent que la conséquence de l’IA est la diminution du nombre de lignées d’étalons qui conduit à une augmentation de la consanguinité. De nombreux auteurs ont étudié la consanguinité dans des populations variées de chevaux. (Moureaux et al.,1995; Schmitt et Katona, 1996; Klemetsdal et Stubsjoen, 1996, Anderssonet al.,1998). La plupart des études montrent des coefficients de consanguinité inférieurs à 5%, même dans des populations très petites comme les Arabes. Chez les trotteurs scandinaves, l’augmentation moyenne de la consanguinité par génération, c’est à dire en 10 ans, est d’environ 1% avec une population effectivement consanguine de moins de 50 animaux. Les jeunes étalons trotteurs allemands ont un coefficient de consanguinité de 6,4 et 2% en fonction de leurs origines américaines, françaises ou autres. Les différences de relation génétique sont plus utiles car pointent du doigt la source très limitée de trotteurs américains en Allemagne. Les études en Scandinavie montrent aussi qu’une augmentation de 10% du coefficient de consanguinité réduit les performances en course d’un demi-écart-type du potentiel génétique. Les effets négatifs potentiels sur la reproduction, la condition, les lésions, etc. N’ont pas été étudiées.

Dans la population Hanovrienne, le nombre d’étalons sélectionnées par le Haras national de Celle a diminué depuis 1990. A la fin des années 1980 et avant que l’IA ne soit utilisée, on sélectionnait environ 15 jeunes étalons par an. L’année dernière, seulement 8 étalons sur 38 testés ont été sélectionnés. En moyenne, les jeunes étalons ont inséminé par IA plus de 100 juments dans leur première année de monte. Il ne semble pas y avoir de problèmes pour vendre les meilleurs jeunes étalons, mais pour certains d’entre eux, on du mal à trouver assez de juments. De ce fait, la taille des familles est très variable. Jusqu’ici, le danger d’une réduction de la taille de la population effective à cause de l’utilisation de l’IA n’existe pas vraiment dans la plupart des populations de chevaux; l’échange international de sperme permet aussi de diminuer ce risque. Quoiqu’il en soit, les organisations d’élevage sont bien conseillées pour la surveillance des relations génétiques entre chaque génération de jeunes étalons et de juments.

conclusion généralepur-sang arabe cheval 2

L’IA est devenu un outil reconnu et accepté dans la majorité des populations de chevaux. Elle permet une utilisation intensive, très répandue et internationale des étalons. L’IA peut se développer avec autant de succès que dans l’espèce bovine si les organismes d’élevage l’incorporent comme un outil utile dans leur programme d’élevage, qui doit par ailleurs inclure des tests de performances sur les étalons et les juments, l’estimation des indices et la sélection. Grâce à l’utilisation de l’IA, les étalons utilisés en élevage sont testés sur leurs performances et sévèrement sélectionnés sur la base des indices génétiques plus précis et obtenus plus précocement qu’avec les méthodes classiques. Le nombre d’étalons mis à la monte, de même que le nombre d’étalonniers seront réduits. Bien que la consanguinité ne semble pas posé de problème dans la population Arabe du fait de leur grande taille, la perte possible de lignées d’étalons doit être surveillée.

Mais une grave erreur a été faite, en effet la sélection a été divisée en deux types de finalités ; les courses et la présentation. Ainsi en un siècle, le pur-sang Arabe a été divisé en deux sous races qui mériteraient de porter des noms différents. Par exemple ;  » Cheval arabe de modèle  » et  » cheval arabe de course « , le seul qui méritant l’appellation de pur-sang arabe serait le cheval d’endurance. Beaucoup trop de gens ont à l’esprit lorsque l’on parle du pur-sang arabe, une vision de petit cheval  » gringalet « , avec un chanfrein déformé. En un mot, c’est dommage ! Ce cheval noble des bédouins est devenu un bibelot.

La meilleure façon de vous faire prendre conscience de cette tragédie est de vous présenter le pédigré de ma propre jument ; Raghda née en 94 au Maroc de Redwan et Assit représentante de la catégorie  » show « . Son arrière-grand-père maternel est le célèbre étalon égyptien Nazeer. Du côté de son père, observez le nombre de fois où l’on retrouve Nazeer.

Nazeer a aussi donné de très bons chevaux de course. Cet étalon né en 1934 a été l’un des premiers a réorienté la sélection du pur-sang arabe. Cela a été aussi le cas d’une jument très connue ; Moniet El Nefous du même élevage égyptien. Ces chevaux ont fait couler beaucoup d’encre et leurs descendants aujourd’hui sont disputés dans tous les pays.

Enfin, plus récemment un autre cheval qui marqua le siècle dans le domaine de la course, c’est Manganate étalon français né en 1972. Ces produits sont de grande valeur. Même le Haras Royal de Bouznika ( Maroc) n’a pas pu résister à l’achat d’un de ces fis ; Bartaba dont les produits courront sur les hippodromes marocains dès la prochaine saison. Le bilan sera vite fait face aux chevaux marocains.

Bien souvent des personnes amatrices de chevaux pourraient adorer ce petit cheval qui était pleins de qualités mais l’on s’aperçoit au contraire que pour la raison de ne le connaître uniquement sous l’image d’un bibelot, elles en sont devenues les pires ennemis.

Ces quelques lignes pourront choquer. Surtout lorsque mes propos catégoriques annoncent la fin de la race Arabe.

En voici les causes :

Point n’est besoin d’avoir fait des études de biologie pour savoir que tout être vivant est dépendant de son hérédité et du milieu dans lequel il évolue. Le changement de milieu provoque des modifications des besoins

On peut considérer que vers la fin du premier millénaire, sous la dynastie Abbasside, la race était déjà bien établie. Elle avait toutes ces caractéristiques et son homogénéité. Ainsi, mille ans dans le  » grand désert « , n’ont fait que stabiliser, affiner, et affermir ces caractéristiques.

On peut comprendre que lorsque les Occidentaux ont pénétré le Moyen Orient, ils sont tombés amoureux de cette race car à cette époque le cheval était un noble moyen de transport et un magnifique guerrier.

Malheureusement cette rencontre a eu un impact considérable, les Occidentaux ont voulu adapter ce cheval à leurs besoins.

Et ils l’ont adapté aussi à leur climat. Je pense par exemple à la Pologne. Quels points communs peut- on trouver entre les conditions climatiques, le sol, l’environnement de la Pologne et de l’Arabie ? Du point de vu humain, y a t-il plus différent d’un Slave qu’un Arabe ?

Je considère que la transplantation d’un milieu à un autre est le facteur de la dégénérescence primaire. Mais non contents de recevoir un cheval déjà parfait, certains ont voulu l’améliorer.

En ce qui concerne la course, en le sélectionnant pendant un siècle uniquement sur la vitesse, il est normal que nous sommes arriver où nous en sommes aujourd’hui en France A la mort de Manganate (cf. ci-dessus),  » cheval arabe France  » annonçait la nouvelle en couverture.

La couverture du magazine représentait une jolie tête d’Arabe et la photo de Manganate était publiée (petite) dans les pages suivantes. Elle n’était pas assez petite pour constater qu’un aussi grand galopeur n’ait eu l’apparence d’un Barbe assez vulgaire.

De toutes façons, il saute aux yeux de n’importe quel amateur, que les Arabes de courses et les autres n’appartiennent plus à la même race. Cette dégénérescence en vue de la course est surtout due à la spécialisation.

Mais il y a pire. Celle provoquée par le Show. Le seul but recherché est l’apparence. On a inventé des modes, on a crée artificiellement, on a accumulé sur le même individu toutes les apparences de la beauté (ou de la mode). Le maquillage qui agace certains n’est qu’une goutte d’eau dans la mer des artifices.

Mais ces chevaux, ravalés au rang de mannequins de haute couture qu’ont-ils conservé de leurs qualités de race ?

Beaucoup d’espoir a été mis dans une discipline nouvelle, pleine de promesse : l’ENDURANCE. Comme les Kenyans ou les Abyssins, dans les courses de fonds (chez les humains), le cheval Arabe uniquement par son authenticité, a démontré sa suprématie dans cette discipline. Pourtant qui était ces Arabes ? Ceux qui n’étaient pas assez beaux pour participer aux show, ceux qui n’étaient pas assez rapides pour figurer en course.

Le problème ne peut que s’amplifier car  » l’or du pétrole  » s’investit dans la course. L’homme est ainsi fait :il ne peut résister à l’attrait de l’argent.

A une époque où la science est capable de créer des souris vertes à pelage fluorescent, nous pouvons espérer le meilleur, mais nous pouvons aussi craindre le pire.

La rupture entre le show et la course paraît inéducable, ces deux disciplines vivent séparées depuis si longtemps et dans un mépris réciproque, si affirmé, que leur divorce ne serait qu’une régularisation. Entre le show, l’endurance et le CSO (concours complet de saut d’obstacle), l’ambiance est plutôt celle de la lutte des classes

La noblesse se transmet par l’hérédité mais se gagne par le mérite !

Consolons-nous en nous disant que la disparition complète d’une race demande beaucoup de temps et en pensant que  » si rien ne naît de rien, il y a toujours quelque chose qui reste de quelques chose « .

                                                                                                                Isabelle PIQUEE

 

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